Imprimer

Importation du ciment : La direction de la concurrence ouvre une enquête sur Lafarge et Cofipri

Le .

Joomla
Joomla

Wordpress
Wordpress

alwatwan actu image

COMMERCE. En mai dernier, la société Lafarge avait annoncé aux grossistes et importateurs comoriens l’arrivée de plus de 25.000 tonnes de ciment sur le marché local. Une nouvelle aussitôt dénoncée par le Mouvement des entrepreneurs comoriens (Modec), qui voit dans cette opération un «acte anticoncurrentiel».

En attendant les conclusions d’une enquête ouverte par la Direction de la concurrence, le ministère des Finances et de l’économie vient d’ordonner la suspension de la vente en Union des Comores du ciment importé par les sociétés Lafarge-Comores et Cofipri. Aussi toute éventuelle importation dudit produit vers les Comores leur est interdite. «Selon des informations précises et concordantes, ces deux sociétés vendraient ce produit, tout à la fois, en tant que grossiste, semi grossiste et détaillant», lit-on dans une note publiée lundi 1er juin par la délégation à l’Economie.

Tout est parti d’un communiqué du groupe Lafarge, paru dans la presse le mois de mai dernier, annonçant aux grossistes et importateurs comoriens l’arrivée de plus de 25.000 tonnes de ciment sur le marché local. Une nouvelle aussitôt dénoncée par le Mouvement des entrepreneurs comoriens (Modec), qui voit dans cette opération un «acte anticoncurrentiel».

«Nous ne sommes pas contre les investisseurs étrangers, cependant nous exigeons le même traitement dans le marché, un traitement équitable et non du favoritisme, à l’exemple de celui dont bénéficient Lafarge et Cofipri, des avantages tels que des entrepôts pour déposer leurs stocks contrairement aux entrepreneurs locaux qui construisent ou louent des magasins pour leurs commandes», avait déclaré Hamidou Mhoma, vice-président de l’organisation au cours d’une conférence de presse en mai dernier. Mourad Bazi, entrepreneur et membre du Modec, avait partagé les mêmes craintes. Pour lui, «l’Etat devait avoir l’obligation de la régulation de l’économie, autrement les entrepreneurs locaux pourraient disparaitre, ce qui serait une grande perte pour les entrepreneurs, les consommateurs et le pays tout entier».

Mais le véritable malaise réside dans le fait que ces deux sociétés ont signé avec les autorités comoriennes des conventions pour la fabrication du ciment aux Comores. En effet, après la signature en 2012 entre les autorités compétentes et la société française Lafarge pour la production de ciment en Union des Comores, un autre accord allait être signé deux ans après avec le groupe luxembourgeois Cofipri pour l’implantation d’une unité de production de «ciment vert» sur l’île de Ngazidja.

Ces dernières années le prix du ciment n’a pas arrêté de grimper. Il tourne actuellement au tour de 75 000 francs, la tonne. Les chiffres actuels font état de plus de 150.000 tonnes en moyenne de ciment importé par an, pour une valeur estimée à près de 7 milliards de francs. Les fortes fluctuations de l’offre ne facilitent pas l’évaluation avec exactitude du niveau de la demande. Selon des informations compilées de la Banque centrale des Comores et du Commissariat général au plan, le ciment pesait entre 20 et 38% du volume des importations entre 1990-2008.

Par exemple, en 2007, les Comores ont importé environ 41.508 tonnes. 63.529 tonnes, l’année suivant. Un écart de plus de 20.000 tonnes, soit un écart de valeur de plus de 1 milliard de francs. Notons que le ciment relève du secteur libéral. Il ne fait pas l’objet des règles particulières de régulation régissant certains secteurs d’activité, visées par la loi n°13-014 du 26 décembre 2013 relative à la concurrence.

Kamardine Soulé