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Situation économique : Vite s’en sortir avant la campagne électorale

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ECONOMIE ET FINANCE. Des mesures urgentes sont à prendre pour équilibrer le budget de l’Etat et empêcher l’accumulation des arriérés de salaires et d’endettement. Une mission du Fonds monétaire international (Fmi) est attendue en septembre pour une évaluation.

 

C’est sur le front budgétaire que les dérapages relevés doivent être corrigés au plus vite. Les gouvernements se sont contentés ces dernières années des recettes du Programme de citoyenneté économique au point de ne plus s’occuper de l’urgence du renforcement des administrations fiscales.

Le Fmi (Fonds monétaire international) et la Banque mondiale n’ont pourtant jamais cessé d’alerter l’Etat comorien sur les risques de relâchement dans la mobilisation des recettes et la transparence des dépenses. La dépendance excessive à l’égard d’un «produit potentiellement volatile» (le Programme de citoyenneté économique : Ndrl) a produit des effets négatifs.

Des recommandations strictes et fermes ont été ainsi formulées, notamment l’affectation de ces ressources exceptionnelles à des projets d’investissement, à la restructuration des entreprises publiques et au renforcement des «amortisseurs extérieurs» tout en insistant sur «des sauvegardes solides (…) pour empêcher une utilisation abusive de ce programme».

Ces recettes exceptionnelles provoquent aujourd’hui un déséquilibre profond du budget de l’Etat. Les faibles performances douanières, la mobilisation quasi-nulle des recettes fiscales et les exonérations accordées à outrance risquent de creuser l’écart des arriérés de salaires, source de vives tensions sociales.  En trois ans, les salaires sont, en effet, passés d’un milliard cinq cent millions à deux milliards 200 millions, soit une augmentation de près de 30%.

Dans le court terme, les Comores font face à de nombreux problèmes, mais parmi les plus urgents, le gouvernement se doit de trouver un meilleur équilibre entre les ressources disponibles et les dépenses effectuées afin d’éviter l’apparition de nouveaux arriérés, en particulier en ce qui concerne les salaires et la dette extérieure. Le projet de port de Mwali replonge les Comores dans une situation d’endettement lourd dont les risques ne peuvent être amortis qu’à condition que les garanties de rendement soient immédiates.

La croissance est située à 0.7 au lieu des 3% prévus, plombée par la pénurie de l’approvisionnement énergétique. Il est instamment recommandé à l’Etat de créer un espace budgétaire pour l’investissement dans les infrastructures et les dépenses sociales. Mais, pour y parvenir, l’Etat n’a pas de recettes miracles ; il doit améliorer considérablement les recettes, en renforçant ses administrations de recouvrement.

La première mesure à laquelle on s’attend les prochains mois, est la domiciliation de tous les comptes bancaires de l’Etat à la Banque centrale des Comores (Bcc). Il ne sera toléré qu’un compte bancaire de l’Etat se situe en dehors du contrôle d’un comptable public. 

Ce «compte unique du Trésor correspond au compte centralisateur sur lequel sont déposées toutes les recettes fiscales et non fiscales de l’Union des Comores, qu’elles soient budgétaires ou extrabudgétaires, y compris la redevance administrative unique (Rau)». Cette redevance qui avoisine les 4 milliards est un scandale budgétaire, car l’utilisation qui est en fait n’est soumise à aucun circuit budgétaire, ni assujettie à aucune validation comptable.

L’Etat a pris l’engagement d’abandonner la pratique de la gestion des budgets parallèles, en puisant directement dans les entreprises publiques.  Le gouvernement s’engage à fiscaliser les entreprises sur la base de la loi, sur les bénéfices, la consommation, et prélever une partie des dividendes pour boucler son budget 2015. Les recettes qui seront perçues aussi dans la vente de la deuxième licence des télécommunications serviront  à boucler le déficit criant des recettes du budget de cette année.

Le gouvernement a soumis un ensemble de mesures validées par le Fmi et qui pourraient contribuer à combler significativement le déficit. Une loi de finances rectificative pour 2015 sera soumise au parlement. Les autorités ont demandé l’appui du Fonds pour faire face à la situation économique sous la forme d’un décaissement au titre d’une Facilité de crédit rapide (Fcr) associée à un programme de suivi du Fmi. Le décaissement de 3 millions d’euros sous forme d’appui budgétaire ne pourrait intervenir qu’après le Conseil d’administration du Fmi, prévu à la fin du mois d’octobre. 

C’est au mois prochain, en septembre, que le Fmi est attendu pour évaluer les avancées enregistrées dans la mise en œuvre de la stratégie du gouvernement visant à équilibrer le budget. Les travaux seront simultanément lancés pour définir un cadre budgétaire pour 2016 et élaborer une stratégie pour dynamiser les réformes structurelles.

Les administrateurs du Fonds encouragent les autorités à améliorer la qualité et l’actualité des données en allouant des fonds au renfoncement de l’office des statistiques. La perspective de la campagne électorale de la présidentielle  de 2016 laisse les bailleurs de fonds sceptiques quant à la volonté réelle des acteurs politiques de purifier le système. Dans tous les cas, le rapport de la prochaine mission servira de cadre aux délibérations du Conseil d’administration.

Ahmed Ali Amir