Imprimer

Pétrole/Coup de projecteur : «Le problème des frontières ne se pose pas encore»

Le .

Joomla
Joomla

Wordpress
Wordpress

 alwatwan actu image

Dr Naoildine Houmadi, élu parmi les dix personnalités de l’année 2015 par Al-Watwan, est le chef du Bureau géologique des Comores. Cet homme discret est la cheville ouvrière de cet organisme chargé de développer et de valoriser les ressources naturelles et géologiques de notre pays. Le 23 novembre 2015, le gouvernement a signé un nouveau contrat de partage de production pétrolière avec le groupe Rhino Resources, après les deux contrats en vigueur depuis mars 2014. Fin novembre 2015, Al-watwan s’est entretenu avec lui sur l’état des lieux de l’exploration et de l’exploitation pétrolières et les éventuelles difficultés par rapport à la question des frontières. Nous vous proposons ici son analyse, riche et pertinente, de la situation.

 

L’activité dans le secteur de l’exploration et de l’exploitation pétrolière s’inscrit dans la durée. Donc, elle doit être vue sur le long terme d’abord. Pour le moment, il ne se pose pas de problème avec les frontières puisque les activités sont principalement focalisées dans la zone Ouest de la zone économique exclusive où des conventions de délimitation sont signées avec le Mozambique, la Tanzanie et les Seychelles. Ce point n’a pas lieu d’être évoqué pour le moment. Il y a un système de gouvernance de ce secteur, mis en vigueur dans le pays, comprenant le code pétrolier, les décrets, arrêtés ainsi que d’autres textes d’application, y compris les normes et bonnes pratiques. Le système de régulation dans ce secteur reste toujours un système évolutif qui suit la progression des activités d’exploration et de production, d’une part, et l’évolution des technologies, d’autre part.

Plus de 8000 km de lignes de données sismiques

Pour ce qui est des résultats actuels des recherches aux Comores, il convient de noter que les Comores présentent une histoire géologique commune avec les pays riverains, Tanzanie et Mozambique en particulier. Un travail très important et significatif réalisé à donné lieu à plus de 8000 km de lignes de données sismiques au cours de deux campagnes d’exploration conduites pour l’une, en 2011 et, pour l’autre, en 2014. Différents types de traitements ont été appliqués sur ces données et d’autres sont toujours en cours. Ils ont permis par la suite de procéder à des interprétations. Toute la démarche de l’exploration consiste à mettre en évidence l’existence des conditions nécessaires à la présence d’hydrocarbures dans le sous-sol.

Ceci requiert la disponibilité de données tant géophysiques que géologiques et en quantité et en qualité. Une étude complémentaire par analogie avec les résultats du Mozambique a parmi de révéler les éléments suivants : existence de la roche réservoir; existence de la roche couverture; existence d’une roche mère.  Ces conditions-là sont nécessaires mais pas suffisantes, il faudra, en outre, vérifier la réalisation de trois processus nécessaires. Il s’agit de la maturation, la migration et le piégeage des hydrocarbures. Si les conditions de maturation sont réunies, il reste à s’assurer que la migration et le piégeage se sont déroulés convenablement pour avoir un réservoir bien scellé par la couverture qui permette une accumulation sans fuite d’hydrocarbures. En outre, il est important de lancer, dans les mois à venir, des campagnes d’exploration sismique pour des données 3D. Ces données permettront d’obtenir des images détaillées des structures du sous-sol et de prendre des décisions fiables quant à la résiliation de forages. Sur un autre volet économique, il faudra noter que l’économie nationale ne devrait pas être basée sur un seul pilier, mais devrait être diversifiée avec des secteurs comme le tourisme et la pêche/agriculture. Des secteurs où le pays présente des atouts majeurs et qu’il doit développer, le pétrole n’étant pas une ressources renouvelable ni infinie.”

Naoildine Houmadi