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Jean Claude de l’Estrac, Secrétaire général de la Coi : «La Coi ne s’ingère pas dans les affaires du monde sportif»

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EXCLUSIVITE. Suite au retrait de la délégation comorienne des 9èmes Jeux des Iles de l’Océan indien (Jioi), Al-watwan a posé quelques questions au Secrétaire général de la Commission de l’océan Indien (Coi), Jean Claude de L’Estrac, notamment sur le rôle trouble de la France dans la région, la position de son organisation sur ce retrait ou encore la question de la libre circulation des jeunes athlètes au sein de l’espace régional.

 

Après le retrait des Comores des Jioi suite à la violation flagrante de la Charte des jeux, la réaction de la Coi se fait toujours attendre. Pourquoi avez-vous gardé le silence ? Comprenez-vous ce retrait de la délégation comorienne ?

Je vous remercie d’abord de me donner l’occasion de clarifier la situation. La Coi n’a strictement rien à faire avec l’organisation des Jeux. Les Jeux existent depuis1979, donc avant la création de la Coi et ils sont gérés par des règles décidées  par les représentants des organes sportifs des pays membres. La Coi n’a pas à s’ingérer dans les affaires du monde sportif. Cela dit, nous n’avons non plus «gardé le silence» devant le triste constat de ce qui s’est passé à La Réunion. Nous avons réagi vivement et publiquement, en disant notre réprobation de la violation de la Charte des jeux. Nous avons été les premiers à dire que le retrait de l’Union des Comores dans ces conditions, était prévisible mais évitable. J’ai déclaré que les Comores ne pouvaient pas ne pas  réagir ainsi. Je connais par expérience l’importance des symboles dans les situations où existe un contentieux de souveraineté.

 

A Moroni, certaines voix font un rapprochement entre ce qui vient de se passer à Saint-Paul et la dernière tentative de la Coi de changer de dénomination pour mieux intégrer Mayotte en tant qu’entité à part entière au sein de l’organisation régionale. On accuse ainsi la Coi d’être le bras diplomatique de la politique française dans la région. Que répondez-vous à ces inquiétudes de la partie comorienne ?

Ces inquiétudes ne sont absolument pas fondées. Elles émanent de milieux mal informés des règles de notre organisation. D’abord, personne n’a jamais demandé d’intégrer Mayotte. Si cela devait arriver, les statuts prévoient que toute adhésion doit se faire à l’unanimité. Tant que les Comores diront non, il n’en sera pas question. C’est aussi simple que cela. Pas de fantasme, ni d’amalgame s’il vous plait. Au sein du conseil des ministres de la Coi, je n’ai jamais constaté qu’un Etat disposait d’une voix plus influente qu’un autre. Et j’ai pu constater combien l’Union des Comores est vigilante dans la défense dès qu’elle estime être ses intérêts. C’est ainsi qu’elle a obtenu le rejet de la proposition de faire évoluer la Commission en Communauté. Cette proposition, c’est moi qui l’ai faite, c’était déjà mon ambition politique en 1982 quand j’ai proposé la création de la Coi, elle n’a rien à voir avec Mayotte. Je vous l’ai dit, sur cette question, c’est Moroni qui a la clé.

 

Qu’elle est le rôle exact de la Coi dans l’organisation des Jeux des Iles de l’océan Indien ?

Aucun rôle, mais absolument aucun. Le secrétaire de la Coi a été invité à la cérémonie d’ouverture, j’ai passé trois heures au stade de St Paul le temps de pleurer sur le naufrage…

Avant la cérémonie d’ouverture des Jioi, les athlètes des Comores et de Madagascar ont eu toutes les difficultés du monde pour obtenir le visa d’entrée à La Réunion. N’est-ce pas un échec de la Coi dont l’objectif est de promouvoir l’intégration régionale, donc la libre circulation entre les Etats membres ?

La Coi n’est que ce que veulent et décident ses Etats membres. Elle n’est pas une organisation supranationale capable de se substituer aux Etats membres quand elle constate que certaines politiques nationales vont à l’encontre des objectifs de l’organisation. C’est le cas pour ce qui est de la contrainte à la libre circulation entre les Etats membres. Il faut continuer  à chercher à avancer, par étape, dans la négociation.

 

Quelles propositions feriez-vous pour éviter que les incidents qui ont émaillé ces 9èmes Jeux ne se reproduisent plus ?

Sur le contentieux France-Comores, les positions sont irréconciliables. Et je ne prévois aucune évolution positive. Il faut donc négocier des compromis. La participation de Mayotte aux Jeux avait été le résultat d’un compromis. La crise est venue du non-respect de ce compromis. Je ne comprends pas les raisons pour lesquelles les organisateurs des Jeux ont pensé qu’ils pouvaient imposer de nouvelles règles de manière unilatérale.

 

Propos recueillis par Abouhariat Said Abdallah