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Questions à Youmna Moilim Djouss, coresponsable du collectif de Mvukisho Ye Masiwa

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MVUKISO YE MASIWA. L’association  poursuit un «double objectif, de court terme est de faire libérer immédiatement les manifestants emprisonnés, puis de faire arrêter les travaux d’exploitation du site Handuli pour qu’une entité compétente puisse statuer sur la viabilité de ce projet, en termes de protection de l’environnement et de respect des codes d’éthique».

 

Comment vous est venue l’idée de créer Mvukiso Ye Masiwa ?

A la suite de l’intervention musclée de Pvanambwani et l’arrestation de 13 jeunes de ce village, présumés auteurs de saccages du matériel de Colas afin d’arrêter les travaux (c’était le 9 juillet,  reporté dans  Al-watwan du 12 juillet, Ndlr), des ressortissants de la région se sont présentés au siège de Colas en région parisienne pour connaître la position de l’entreprise dans cette affaire. Le représentant de Colas avait affirmé avoir arrêté les travaux et dénoncé le contrat signé avec le gouvernement … Aujourd’hui nous savons que les travaux ont repris et que le gouvernement assure la sécurité du site en y déployant des gardes mobiles en permanence.

Ces ressortissants ont organisé une réunion d’information afin de solliciter le soutien de patriotes comoriens de la Diaspora. A cet effet, la première rencontre a été organisée, réunissant personnalités et entités associatives … Les 5 entités représentées (Cdiscom, Rilamha, Wanantsi, Uhuru Komor, Commission Pvana ) ont décidé de constituer le premier noyau d’un collectif qui a vocation à mener la lutte en soutien au collectif de Pvanambwani. Le nom de «Mvukisho Ye Masiwa» a été adopté (il exprime l’idée de sauvegarder la vie, les ressources des Comores).

 

Quel est son objectif et ses projets à court terme?

Un double objectif de court terme est de faire libérer immédiatement  les manifestants emprisonnés, puis de faire arrêter les travaux d’exploitation du site Handuli pour qu’une entité compétente puisse statuer sur la viabilité de ce projet, en termes de protection de l’environnement et de respect des codes d’éthique. La liberté sous conditions vient d’être prononcée ... Nous poursuivons la lutte comme prévu.

 

Vous dénoncez vigoureusement le contrat signé entre le gouvernement et la société Colas. Pourquoi n’avez-vous jamais saisi l’assemblée nationale?

Dans notre plan d’action il est prévu d’impliquer les parlementaires mais aussi d’interpeler les responsables politiques à dire leur position dans ce débat que nous qualifions de national. Mais force est de reconnaître que nous n’avons pu le faire assez vite. Je retiens la suggestion et en ferai part aux animatrices/animateurs du collectif qui continue de s’organiser en France et aux Comores.

 

Comment expliquez-vous le fait que la population rechigne à adhérer à votre combat?

Nous sommes au point où ce problème  se traduit en termes de conflits entre, d’une part,  les riverains (de la zone de Handuli) et, d’autre part, la société Colas et surtout le gouvernement comorien.  Dès sa création, notre collectif a inscrit son action à l’échelle nationale, c’est-à-dire dans l’optique de défendre le peuple comorien victime d’abus de pouvoirs économique et politique, dans ce genre de projet! Nous sommes au tout début et nous devons consacrer du temps et de l’énergie à persuader de l’intérêt géostratégique (défendre nos terres contre les prédateurs des multinationales et de leurs alliés locaux !)  Et de la dimension nationale (cette expérience peut se généraliser au-delà de la région). Les soutiens s’étendent de plus en plus au-delà des premiers cercles et, avec ce type de communication  ça prendra de l’ampleur (surtout si les médias comoriens relaient l’information). Cela sera une des missions prioritaire du collectif « Mvukisho Ye Masiwa » des Comores qui sera coordonnée par Madame Toyb Zahara Abdallah : la sensibilisation de la population sur les thématiques environnementaux et de santé publique car ce n’est pas l’affaire de Pvanambwani mais l’affaire de tous les Comoriens.

 

Propos recueillis par Nazir Nazi