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Après la mort du petit Aylan : Indignation sélective

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AYLAN. Une photo, une seule, publiée à la Une des grands quotidiens de la planète, a donc suffi à faire bouger les lignes, à ouvrir les portes les plus hermétiquement fermées.

 

On se félicite de ce sursaut d’humanisme et on aimerait bien voir le premier ministre français, Manuel Valls, afficher le même visage mortifié que lorsqu’il apprend les statistiques macabres dans le bras de mer entre Ndzuani et Mayotte. Combien d’Alyan dorment (tranquillement ?) au fond de l’océan dans cette partie du monde sans que les autorités françaises aient jamais éprouvé la nécessité ne serai-ce que d’assouplir ce fameux visa Balladur à l’origine de cette hécatombe?

Il a fallu la mort du jeune Aylan dont le corps a été retrouvé sur une plage turque pour que la France, jusque-là opposée à toute idée de repartir les migrants entre pays européens, vire sa cuti et accepte finalement d’accueillir sur son sol une partie de ces refugiés.

Une photo, une seule, publiée à la Une des grands quotidiens de la planète, a donc suffi à faire bouger les lignes, à ouvrir les portes les plus hermétiquement fermées et à infléchir la position du gouvernement français sur le sujet. De Paris à Londres en passant par Berlin, le sort de cet enfant syrien a ému jusqu’aux plus hautes autorités. Il continue de susciter un élan de solidarité de par le monde. Il faut vraiment avoir un coeur d’airain comme Marine Lepen, le leader du Front national (Fn), pour rester insensible à cette tragédie humaine.

Entre félicitation et interrogation

L’on se réjouit et s’étonne en même temps que ce cliché ait pu émouvoir à ce point le gouvernement français. Lui qui, depuis vingt ans, affiche une indifférence presque totale à ces centaines de jeunes comoriens qui meurent chaque année dans le bras de mer entre Anjouan et Mayotte. Combien d’Alyan dorment (tranquillement ?) au fond de l’océan dans cette partie du monde sans que les autorités françaises aient jamais éprouvé la nécessité sinon de supprimer, en tout cas d’assouplir ce fameux visa Balladur à l’origine de cette hécatombe?

On se félicite de ce sursaut d’humanisme et on aimerait bien voir Manuel Valls afficher le même visage mortifié que lorsqu’il apprend les statistiques macabres de ces traversées vers Mayotte. Ce jour-là, la France n’aura jamais aussi bien porté son nom de «patrie des droits de l’homme». Ce jour-là, on aura franchi un pas dans la reconnaissance des êtres humains, quelle que soit leur nationalité, leur couleur ou leur origine sociale, comme étant égaux. 

Par ailleurs, cette affaire Aylan témoigne non seulement du poids de l’image dans ce petit village planétaire où l’information circule au rythme du son, mais aussi de l’influence que l’on croyait déclinante de la presse écrite. The Independent, The Guardian, The Times, The Daily Mail, The Sun ou encore le Monde, qui ont publié la photo de ce bambin de trois ans, ont, en effet, réussi à provoquer cet électrochoc émotionnel et à influencer les décisions d’une si puissante organisation que l’Union européenne. Comme quoi, aussi longtemps que les médias internationaux feront l’impasse sur la situation à Mayotte, nous pouvons être sûrs que rien ne bougera.

Mohamed Inoussa