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Point focal changement climatique, Anfane Msoili : «...Planter des arbres et avoir des forêts communales»

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SONNEZ LA MOBILISATION. «Les mesures initiées par le gouvernement ont une grande importance et nous allons également renforcer les campagnes de sensibilisation, mobiliser les gens pour qu’ils prennent conscience de leur environnement et se protègent avant les efforts du gouvernement».

 

Al-watwan. Une conférence internationale va se tenir en décembre à Paris sur le changement climatique. Comment les Comores se préparent-elles à cette rencontre ?

AM : Les Comores, en tant que signataire de la convention des Nations unies pour le changement climatique, vont y participer, pas en tant que membre d’un groupe*. Nous faisons partie de plusieurs groupes de négociation.

Dans ces genres de conférences, les négociations se font par groupe. Le secrétariat de la conférence a demandé à chaque pays signataire de la convention d’élaborer sa contribution volontaire dans laquelle chaque pays s’engage sur les actions qu’il mène en matière d’adaptation et d’atténuation du changement climatique. Chaque Etat doit donc élaborer ce document et le déposer avant la fin du mois d’octobre.

 

Al-watwan. Peut-on connaitre les grandes lignes de la contribution comorienne?

AM : Il faut savoir que le contenu de ce document n’est pas spécifique aux Comores. Deux éléments sont d’une grande importance : l’adaptation et l’atténuation. Comment s’adapter face aux activités néfastes liées au changement climatique, et comment atténuer ses impacts.

Le document en cours d’élaboration doit contenir ces deux grands axes et montrer ce que les Comores ont fait et comptent faire dans les domaines de l’adaptation et de l’atténuation. C’est à partir de cette convention que le Programme national d’adaptation (Pna) a été mis en place. Le pays a bénéficié de fonds, ce qui a permis la mise en en oeuvre de certaines actions, tels le projet d’adaptation de l’agriculture au changement climatique, le projet eau et changement climatique, un projet relatif à la protection des bassins versants face au changement climatique.

Ce document est un récapitulatif de toutes les actions que les Comores ont menées et les projections à venir. En fonction du changement de la politique nationale en matière d’adaptation et d’atténuation au changement climatique, ce document peut, à tout moment, être améliorer.

 

Al-watwan. Quelles sont les propositions que les Comores comptent présenter au sein de son groupe au cours de ces négociations?

AM : Les parties sont en train de négocier un accord universel sur le climat. Cet accord fixe le seuil limite de 2°C pour les effets d’émission de gaz à effet de serre. Quelle que soit la qualité juridique de ce document, traité, convention ou autres, les Etats se sont mis d’accord qu’il doit être signé à Paris afin d’avoir un nouvel ordre climatique qui traite des questions du développement durable.

L’accord en question doit être mis en oeuvre à partir de 2020. Nous aurons donc cinq ans pour sa mise en œuvre. Il renferme tous les éléments en matière d’adaptation, d’atténuation, de renforcement des capacités, de transfert de technologies, de financement et toutes les procédures de mise en oeuvre. 

 

Al-watwan. Par rapport à ce seuil de 2°C à ne pas dépasser, de quoi vont bénéficier les pays comme les Comores où l’émission de gaz à effet de serre a un très faible impact sur l’environnement ?

AM : Il y a un concept appelé «Responsabilité partagée mais différenciée». Cela a été répété dans les conférences. Certes, nous disposons de responsabilités communes, mais différenciées car la pollution est par échelle, d’où la mention d’une section «Perte et préjudices» dans cet accord. Ce qui veut dire que, si par hasard, les effets d’émission de gaz à effets de serre ont apporté préjudices à l’Union des Comores, il y a des mécanismes d’accompagnement dans le but de réparer ou limiter les dommages enregistrés.

Ces notions de pollueur-payeur et de responsabilités partagées mais différenciées encouragent et protègent les Peid. Car le niveau de développement n’est pas égal. Il y a des pays développés, responsables de ce drame, et des pays qui subissent, notamment les moins avancés, qui méritent une autre considération, un autre mode de traitement. C’est sur cet angle que les négociations butent.    

             

Al-watwan. Un rapport du commissariat au plan indique que la déforestation incontrôlée a entrainé une diminution de la forêt de 500 hectares par an en moyenne ces cinquante dernières années. Quelles sont les mesures à mettre en place pour changer cette situation ?

AM : La déforestation reste une problématique très intéressante au niveau de l’Union des Comores. Le pays a réellement perdu une grande partie de sa forêt depuis quelques années et l’impact de ce fléau est direct. A Mwali, par exemple, il y avait plus d’une vingtaine de rivières. Aujourd’hui, il n’y a plus qu’une dizaine qui coule jusqu’à la mer. Les conditions climatiques sont devenues sévères, la saison de pluies a perdu de son intensité, beaucoup d’éléments témoignent de ce bouleversement.

Pour les mesures concrètes, il y a le projet de protection des bassins versants, qui va être appliqué dans les prochains jours. Il faut aussi d’autres initiatives populaires, telles les campagnes de reboisement à Ngazidja, à Banda-Samlini, malheureusement qu’il y a eu des incendies récemment. En matière d’atténuation des impacts du changement climatique, on doit planter des arbres, avoir des forêts communales ou régionales, mais chaque individu doit s’impliquer, faire un geste car cette question de changement climatique concerne tout le monde.

 

Al-watwan. Le chef de l’Etat vient d’un côté, de ratifier le statut de l’Arena et, d’un autre coté, les travaux d’une centrale au fioul lourd, pourraient bientôt commencer, n’y a-t-il pas là de contradiction?

Vous savez, l’Union des Comores traverse un sérieux problème d’énergie et qui dit énergie, dit développement, donc il n’y a pas une méthode spécifique pour atteindre le développement de son pays. Contradiction, c’est trop dire car il y a des objectifs de développement que le chef de l’Etat vise. Il y a également des systèmes transitoires afin d’arriver à cette notion d’énergie renouvelable, sobre en carbone et développement durable. Il y a des étapes à franchir comme tous les autres Etats. Il y a des pays qui utilisent ce type d’énergie alors qu’ils sont développés. Pour le cas des Comores, le problème du fioul lourd, c’est de trouver une solution aux problèmes d’énergie. En matière de développement, le pays décide où mettre ses priorités. L’essentiel, pour l’instant est que chaque Comorien puisse avoir de l’électricité.

 

Al-watwan. En dehors des effets de changement climatique liés à la déforestation, le pays est régulièrement confronté au feu de brousse...

... Nous disposons de beaucoup de textes qui prévoient et punissent les auteurs de tels actes : le code forestier, le plan national environnement et autres dispositions. Il est vrai que le feu de brousse contribue beaucoup à réduire le couvert végétal. J’estime qu’il faudrait plus de sensibilisation sur les faits néfastes de la déforestation, mais aussi du feu de brousse car il contribue à détruire le patrimoine naturel.

Je pense que les mesures initiées par le gouvernement à travers le ministère de l’Environnement ont une grande importance et nous allons également renforcer les campagnes de sensibilisation, mobiliser les gens pour qu’ils prennent conscience de leur environnement et se protègent avant les efforts du gouvernement.

Propos recueillis par Mariata Moussa