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Forums internationaux : Un front pour dominer le monde

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OPINION. Dans le n°2770 d’Al-Watwan du 1er octobre courant, le reporter Faiza Soulé Youssouf signe un article intitulé  «Ateliers, conférences, tables-rondes, etc. servent-ils vraiment à quelque chose ? ». Je voudrais apporter, ici, une modeste réponse à cette importante réflexion. Ma contribution se fera à deux niveaux international et national.

 

Sur le plan international. Depuis la fin de la colonisation, et surtout après la fin de la guerre froide, la guerre d’influence pour la domination et le contrôle du monde ne se fait plus essentiellement par la force des armes ni avec les missionnaires religieux. Tout se conquis dans les conférences, les séminaires, les tables ronde, les ateliers, etc.

Les puissances économiques mondiales passent à travers ces rencontres organisées par les institutions et organisations internationales ou par elles-mêmes pour imposer leur vision du monde dans tous les domaines. C’est aussi à travers ces forums que les pays du Sud longtemps soumis au joug colonial et néocolonial, se concertent, élaborent des stratégies communes pour tenter de résister en créant un rapport de force permettant de prendre en considération leurs situations sociale, économique et environnemental et aussi pour défendre la valorisation de leurs matières premières.

Dans cette grande «guerre» d’influence multiforme, les super puissances et les puissances économiques imposent les thèmes et sujets à aborder. Ils désignent, chacun de son côté, des délégués hautement qualifiés et suffisamment expérimentés et avertis pour y participer afin de défendre l’ordre qu’ils préconisent, avec la force du savoir intellectuels et technique et mettent, en conséquence, les moyens financiers pour y parvenir aussi bien avant, pendant et après ces forums!

A l’opposé, dans la plupart des pays en développement, particulièrement les pays africains et singulièrement les Comores, l’enjeu de ces forums ne semble pas inquiéter outre mesure les dirigeants. Certains, malheureusement, considèrent que ce sont là des opportunités pour offrir un voyage logé nourri à un partisan, car «tout ça, c’est du bla-bla», comme on a pu l’entendre parfois.

Ainsi la désignation des représentants pour la plupart des cas, n’intègre pas l’enjeu stratégique de ces forums. Loin de là. Les délégués sont désignés sur la base de critères subjectifs sans rapport avec le travail attendu (politique, famille, village, coup bas contre les fonctionnaires indésirables mêmes compétents, etc.).

C’est ainsi que dans de très nombreux cas les personnes désignées ne suivent pas les travaux, voire même n’y participent pas. Ils ne feront, donc, jamais de rapport, encore moins de propositions de suivis. Dans d’autre cas de figure, des techniciens compétents sont désignés et y participent pleinement aux travaux. A leur retour, ils font leurs rapports et les soumettent à leurs hiérarchies.

Malheureusement, ces rapports ne seront jamais lus car souvent, les supérieurs hiérarchiques (directeur général, secrétaire général, le ministre) n’ont pas les capacités techniques ou intellectuelles pour comprendre les rapports et les enjeux qui en découlent ce qui fait que le technicien aura tout le mal du monde à les convaincre pour faire le suivi.

A cause de telles attitudes nous ratons beaucoup d’opportunités de financement de projets nationaux. Dans ces conditions les forums auront servi à peu de chose pour notre pays.

Soulignons que dans ces forums on arrête les grandes orientations de programmes et projets internationaux et régionaux et qu’il reviendra au pays de venir définir les activités ou projets nationaux pouvant s’intégrer dans ces programmes et projets multinationaux. C’est ainsi que faute de ce travail de suivi les Comores perdent beaucoup d’opportunités de financement d’activités ou projets nationaux.

Le travail de suivi consiste donc à élaborer des projets nationaux, à définir des priorités et en élaborer des propositions de projets ou de programmation d’activités qui seront soumis sous forme de requête à l’organisation internationale concernée. Celle-ci après l’accord de financement dépêchera une mission d’évaluation pour finaliser le document de projet et arrêter le montage financier.

Rappelons tout de même que grâce à ces multiples forums, les Comores ont bénéficiés du financement de certaions projets et programmes de développement dans pratiquement tous les secteurs.

Est-il besoins de souligner qu’un document de projet peut être fini et la convention de financement signée, mais que le projet mette du temps à démarrer ses activités du fait que le gouvernement n’a pas rempli les conditions préalables au démarrage du projet stipulés dans la convention de financement, notamment la libération de la contrepartie, l’attribution de locaux, le paiement d’arriérées de cotisations ou d’échéances dues, etc.

Au total, si l’administration comorienne revoit profondément ces critères de gouvernance en tournant le dos à la mal gouvernance actuelle vers une bonne gouvernance basée sur l’égalité des citoyens, en valorisant leurs compétences, leurs expériences et les résultats qu’ils peuvent générer, alors ces forums serviront à beaucoup de chose pour le développement économique et social de notre pays.

Said Abdallah Cheikh Soilihi

 

Economiste,  ancien ministre