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Forums nationaux (Suite) : «Une approche participative pour le développement»

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OPINION. Dans son édition du 1er octobre dernier, la reporter Faiza Soulé Youssouf signe un article intitulé  «Ateliers, conférences, tables-rondes, etc. servent-ils vraiment à quelque chose ?». L’économiste et ancien ministre, Saïd Abdallah Cheikh Soilihi, a souhaité apporter une «modeste réponse à cette importante réflexion» à deux niveaux. Dans notre livraison du vendredi dernier, il a évoqué le «niveau international» sous le titre «Forums internationaux: un front pour dominer le monde». Aujourd’hui, il nous livre ses impressions sur le «niveau national».

 

Les forums professionnels (réunions, séminaires, ateliers, comité de pilotage…) organisés au niveau national pour le développement sont d’au moins quatre catégories distinctes :

1. La prolongation et le suivi des forums internationaux

Dans le cadre du suivi et de la mise en oeuvre des recommandations et des résolutions des forums internationaux, les bailleurs de fonds organisent, au niveau de chaque pays, des séminaires et des ateliers de sensibilisation et de formation afin de faire approprier les nouveaux concepts, orientations, ou méthodes aux cadres nationaux à une échelle plus grande. Après quoi suivront les ateliers d’identification et formulation des projets.

C’est ainsi qu’en agrégeant les différents  secteurs de développement et les  bailleurs bis et multi latéraux qui interviennent, on en déduira l’importance du nombre de réunions de travail qui en découleront.

2. L’approche participative et le développement communautaire.

Elle a été adoptée par les Comores depuis le début des années 1990. Elle nécessite l’organisation de nombreuses rencontres tels les séminaires, les ateliers, les réunions de formation, de sensibilisation, d’identification et de formulation de projets.

Cette méthode fait appel à la mutualisation des savoirs et des expériences et exige l’implication directe des communautés rurales et urbaines dans la définition et l’élaboration des politiques de développement. Elle nécessite, donc, l’organisation de différentes réunions à divers niveaux. Aujourd’hui nous pouvons constater que grâce à cette approche de développement communautaire, beaucoup de projets ont été réalisés : les constructions de nombreuses routes, écoles, dispensaires, marchés ainsi que la création et le fonctionnement des Sanduck et des Mecks, sont passées par là.

Aussi pour la pérennisation de ces réalisations, les réunions continuent sous forme d’assemblées générales, de Comité de pilotage et de Comité de Développement locaux. Oui la méthode exige l’organisation de ces réunions aussi bien dans les hôtels que dans les salles de classe ou foyers de jeunes! Les coûts de ces rencontres font partie intégrante des charges récurrentes d’investissement puis de fonctionnement.

Le projet dit «Fonds d’appui au développement communautaire, ou Fadc, financé par la Banque mondiale qui demeure le pionnier dans notre pays dans l’introduction de la notion de développement communautaire au début des années 1990. A partir de 2004, après dix ans d’expérience, le Fadc a gravi un nouveau palier dans cette approche en introduisant la notion de «Plan de développement local (Pdl), base sur laquelle il finance désormais  les projets de développement du village. Tous ces chantiers nécessitent la tenue de plusieurs réunions!

 

3. Au niveau de l’administration et du gouvernement

Les réunions et ateliers techniques transversales, impliquant plusieurs départements ministériels, sont nécessaires pour la formulation des «politiques multi sectorielles», leur harmonisation et leur priorisation au niveau national dans le cadre des plans de développement. Ce rôle incombe au commissariat général au plan. Les multiples réunions qu’il organise est indispensable pour la cohérence de l’action de l’administration. Les forums hebdomadaires des secrétaires généraux devaient agir dans cette direction.

Au niveau du gouvernement, l’ex-président Azali Assoumani a introduit en 2001 dans sa méthode de «gouvernance démocratique», les ateliers et séminaires gouvernementaux ainsi que les forums hebdomadaires des secrétaires généraux.

Au cours des séminaires et ateliers de programmation et d’évaluation de l’action gouvernementale, le président se comportait en véritable coordonnateur de projet dans la pertinence et la consistance des questions posées aux ministres et à leurs techniciens respectifs. En effet entre deux séminaires d’évaluation, il assurait personnellement et directement le suivi auprès des directions, sociétés d’Etat ou établissements publics. Un travail colossal et dont aujourd’hui on peut en évaluer les résultats obtenus. Depuis les séminaires gouvernementaux continuent.

 

 4. Les réunions diverses des associations de la société civile

Les diverses associations de la société civile organisent chacune ou en commun diverses rencontres pour défendre la qualité de la vie. Que cela soit au niveau de l’Ascobef, de la Fcc, du mouvement Madji na mwedje, des associations de défense des droits des enfants, de l’égalité du genre, de la défense des valeurs fondamentales de l’Islam, etc. tous passent par la mobilisation de la population ou de catégories précises de celle-ci pour les sensibiliser et les mobiliser en faveur de la qualité de la vie.

Dans une société démocratique, basée sur le partage, la mutualisation des savoirs et la prise en compte des besoins des populations, une société qui choisit de se développer sur la base de la responsabilisation et de l’implication des concernés aux divers échelons, l’organisation de divers rencontres pour sensibiliser, former partager, identifier et formuler en commun les besoins et les solutions est bien la voie. Il convient d’optimiser ces forums en les préparant et en leur assurant un suivi conséquent.

Saïd Abdallah Cheikh Soilihi, Economiste-ancien mnistre