Imprimer

Présidentielles 2016 : Un cadre de concertation pour des décisions légitimes

Le .

Joomla
Joomla

Wordpress
Wordpress

Presidentielles_2016

Nous sommes à presque six mois de la tenue des primaires pour les présidentielles de 2016. C’est dire que nous sommes à la veille d’une échéance importante qui boucle la tournante entre les trois îles. Cette élection porte de nombreuses incertitudes et charrie des zones d’ombre chaque jour, sans que des éclairages ne soient pas apportés, des solutions proposées ou des réponses données. Les dernières élections législatives ont creusé des tranchées où s’abritent les clans politiques.

D’abord la tournante. Le bilan espéré n’est pas présenté et la communauté internationale nous encourage à redémarrer une seconde boucle, sans en tirer comme promis toutes les leçons de la précédente. Les Comoriens restent persuadés que depuis l’accord de Fomboni, la situation politique, économique et sociale ne s’est pas améliorée. Elle s’est même empirée.

Les institutions et l’expression démocratique que le nouveau cadre institutionnel pensait défendre et préserver peuvent toujours être malmenées au grand jour et la séparation des pouvoirs sacrifiée pour les intérêts circonstanciels d’un groupe. Les élections des présidents des conseils des îles et du président de l’Assemblée de l’Union sont chargées de symboles qui ne rassurent pas. Elles prouvent au contraire que les fragilités de l’Etat comorien, l’exposent encore à toutes les dérives.

Pour les primaires de 2016, il est absolument certain que rien ne sera tenté ou testé sur notre capacité ou non à tenir les primaires à Mayotte, l’île à laquelle échoit le quatrième tour. Les grandes gueules crient à tue-tête qu’il est pratiquement impossible de tenir des élections sur un territoire occupé. Elles pavoisent que la constitution a prévu les dispositions d’un tel constat, mais personne ne vous dira quelle institution devrait le constater et qui doit décider en définitive de sauter ce tour.

L’on se demande s’il ne serait pas opportun de présenter les excuses de la République aux Comoriens en général et aux Mahorais en particulier après l’échec des négociations supposées se tenir entre Paris et Moroni sur cette question cruciale.

Novembre, c’est demain. Il est certain que les primaires ne peuvent se tenir durant cette période. Les mauvaises habitudes ont la vie dure. La prolongation du mandat de l’ex-président Sambi fait des émules. Le risque est toujours grand de voir s’ouvrir une période de transition avec les effets de déstabilisation que cela engendre.

Il existe certes aujourd’hui des commissions nationales et insulaires en charge des élections. Par leur présence, on évite surtout d’évoquer les dérapages constatés lors des dernières élections car le consensus est souvent partagé pour excuser les fautes, même les plus graves, en raison des moyens colossaux mobilisés. Jusqu’à ce jour, aucun cadre de concertation n’a encore été mis en place pour offrir les garanties d’une légitimité des décisions à prendre une fois que les échéances constitutionnelles ne seront pas respectées.

Nous avons la problématique des primaires organisées à Ngazidja qui s’ouvriront à tous les Comoriens ou se limiteront comme les fois précédentes aux ressortissants de l’île.

Entre l’esprit et la lettre de la tournante, le débat qu’on croyait clos risque de ressurgir et de créer de vives tensions politiques qui seront transférées à la Cour constitutionnelle, une institution encore fragile pour porter seule le poids d’une décision de si grande portée.

Cette brèche ouverte s’accompagne de la possibilité d’accueillir le colonel Mohamed Bacar même sous les oripeaux de la république. Cette opportunité offerte à l’homme qui a provoqué le débarquement militaire vise à affaiblir Sambi à Ndzuani. Elle n’est pas sans conséquences sur la stabilité sur l’ensemble du territoire en raison du fait que les buts poursuivis de l’amnistie ne sont pas sincères mais sont d’ordre politicien.

Ces derniers mois, les Comores assistent à une valse de sociétés réelles et fantômes qui se positionnent pour la prospection du gaz. Entre la France, la Chine et les Etats Unis, les besoins en hydrocarbures se multiplient comme se font aussi rares des gisements dans le monde. Le pays n’est pas doté d’une expertise en la matière pour se préparer à affronter des adversités redoutables.

L’élite comorienne qui est aux affaires se trompe sur les intérêts des puissances qui nous entourent. La stabilité à laquelle elle appelle est le gage d’une meilleure articulation des politiques publiques et d’une lutte efficace contre les terrorismes de toute nature et la vague d’immigrés qui échouent à leurs portes.

Les intérêts géostratégiques changent fondamentalement et à grande vitesse. En un an, l’Iran acculé pour son nucléaire est aujourd’hui courtisé pour d’autres raisons : les fondations solides de son Etat et la stabilité de son régime. Il apparait clairement que dans ces circonstances, on ne peut plus brandir des éventails ou inventer des menaces pour s’acheter une crédibilité.

Ahmed Ali Amir