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Commune de Sima : Restriction de l’usage du mégaphone dans les mosquées

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RELIGION. Cette région de Sima est, à Ndzuani, celle où les divergences confessionnelles sont les plus marquées, et où les conflits y afférents sont les plus fréquents. Comme dans le reste de l’île, ici deux tendances religieuses dominent et se confrontent en permanence : le sunnisme modéré imprégné de soufisme et le wahhabisme.


Le maire de Sima, Abdou Abdallah, fraichement investi à son poste depuis un peu plus d’un mois, a choisi de marquer ses premiers pas dans l’épineux terrain du confessionnalisme. Il a alors signé et publié, ce mardi 12 mai, un arrêté portant «règlementation de l’usage du mégaphone dans les mosquées de la commune de Sima».

Concrètement, les mosquées de la commune de Sima ne doivent faire usage de leur matériel sonore que dans quatre cas cités, à savoir l’«appel du muezzin», l’«annonce d’un décès», la «prêche de vendredi dans les mosquées de vendredi» et l’«annonce d’une information à caractère communautaire». Le maire de Sima dit avoir pris cette décision dans le but de prévenir le «risque d’un conflit imminent entre les différents sectes religieux de la commune». Son arrêté prévoit alors de «sanctionner sévèrement» tout contrevenant. A noter que, en plus des quatre emplois du mégaphone des mosquées légalisés ici, celui-ci servait à diffuser des prêches, du coran à l’approche du muezzin, mais aussi les prières du soir et de l’aube ou encore les manifestations soufis à des périodes données.

Disons que cette région de Sima est, à Ndzuani, sans doute celle où les divergences confessionnelles sont les plus marquées, et où les conflits y afférents sont les plus fréquents. Comme dans le reste de l’île, ici deux tendances religieuses dominent et se confrontent en permanence : le sunnisme modéré imprégné de soufisme et le wahhabisme. Abdou Abdallah, le maire, est lui-même d’obédience soufi. Cette décision est donc diversement appréciée.
«Le nouveau maire a interdit les prêches religieuses», peut-on entendre dans les rues à Sima. D’aucuns pensent de même que la décision vise astucieusement à affaiblir le camp des djawula (wahhabites), en indiquant notamment que l’usage du mégaphone est autorisé dans la prêche de vendredi «dans les mosquées de vendredi».

Cette précision a en effet son importance, car dans cette commune de Sima, le débat au sein même du conseil municipal tourne actuellement autour du droit pour chaque localité de posséder ou non deux mosquées de vendredi. Mais, s’il faut en éliminer une, ce serait bien entendu celle à domination wahhabite. Cette décision du maire de Sima se heurte cependant à la loi nationale sur les pratiques religieuses, promulguée en janvier 2013. Pour rappel, celle-ci dispose, en son article premier, qu’«en matière de pratique religieuse, la doctrine ahli sunnat wal djamaan, sous couvert du rite al Chaffy, est la référence religieuse officielle en Union des Comores», et que «dans les mosquées, les imams sont tenus de s’y conformer».

Le deuxième article prévoit une peine d’emprisonnement ainsi qu’une amende contre «toute campagne, propagande, pratique religieuse ou coutumière non conforme à la doctrine mentionnée à l’article premier, dans les lieux saints ou assimilés ou tout autres lieux publics, qui cause par sa nature des troubles sociaux, porte atteinte à la cohésion sociale ou met en danger l’unité nationale».

L’on se demande donc pourquoi, alors que la loi est claire, le maire de Sima s’est-il senti obligé d’interdire la prêche à haute voix dans toutes les mosquées, sans exception.

Sardou Moussa