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Projet d’exportation d’agrégats par Colas : Des jeunes de Vanamboini arrêtés après un sit-in sur le site Handuli

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CONFLIT DOMANIAL. Une centaine de personnes seraient arrêtées, selon des sources villageoises. Pas plus de soixante militants du collectif qui seraient arrêtées par la gendarmerie, nous confie-t-on du côté de la gendarmerie nationale.


Un sit-in du collectif de la localité de Vanamboini militant contre l’exportation des matériaux de la carrière Handuli vers l’étranger fut dispersé, hier, par la gendarmerie nationale. Les manifestants se sont donnés rendez-vous lundi matin sur le lieu où doit être construit, par la société française Colas, un port de chargement destiné à l’exportation par voie maritime des agrégats qui seront extraits du site. Une centaine de personnes seraient arrêtées, selon des sources villageoises. Pas plus de soixante militants du collectif qui seraient arrêtées par la gendarmerie, nous confie-t-on du côté de la gendarmerie nationale.

Pendant ce temps, les engins de la société ont pu continuer, sous escorte d’éléments de la gendarmerie, les travaux de terrassements entamés depuis hier. «Nous sommes là pour sécuriser et assurer le bon déroulement des travaux. Nous avons arrêté une trentaine de personnes, en tout cas pas plus de soixante, qui s’étaient installées ici sur le site pour empêcher les travaux. Ceux qui avaient réussi à s’installer sur le site et que nous avons tout de suite maitrisé sans violence étaient pour la grande majorité venus par voie maritime. Car nous avions bloqué les voies terrestres», a expliqué le Commandant Abdillah Youssouf du groupement de Ngazidja de la gendarmerie rencontré sur les lieux des travaux.

«Comme d’habitude lorsque nous entendons qu’il y aura des travaux relatifs au projet d’exploration des matériaux de carrière, nous nous organisons pacifiquement pour montrer notre mécontentement. C’est ce qui s’est passé aujourd’hui. Dès que nous avons su que les travaux vont reprendre nous nous sommes rendus sur le site pour nous y installer […] «, a raconté Mahafidh Youssouf, un jeune de la localité de Vanamboini témoin des arrestations effectuées par la gendarmerie.

Une réunion urgente des notables du village fut convoquée suite à la dégradation de la situation. Pour le notable Mohamed Rachid , Vanamboini ne s’est jamais opposé aux activités de concassage de Colas sur le site Handuli. «Notre seul tort aujourd’hui, c’est celui de nous opposer à l’exportation des cailloux dans des conditions non encore claires. […] pis, le terrain situé tout près de la mer que l’on veut nous prendre par la force pour construire le port ; ce sont nos champs et non le site où se trouve les agrégats proprement dit», a-t-il déclaré.

Au mois d’avril dernier, le directeur des routes et du transport routier, Saïd Housseini, très impliqué dans ce dossier, avait parlé d’une démarche en cours, qui serait menée par le ministère des Finances, pour réviser les termes du contrat accordant à la société française Colas, filiale du groupe Bouygues, le droit d’extraire pendant 10 ans renouvelables et sans limitation de quantité les matériaux de la carrière Handuli (lire Al-watwan du 23 avril 2015). Mais actuellement, ce processus semble au point mort. Une lettre datant de la fin de ce même mois d’avril, adressée au gouverneur de l’île de Ngazidja et au député de la région d’Itsandra-Nord par la société Colas, fait état d’une série de sollicitations faites par l’exécutif de l’île envers la société Colas. Préalables pour donner un feu vert au démarrage du projet.

Parmi ces sollicitations, l’ouverture de la route Oussivo-Bahani, la réfection de la route Vanamboini-Dzahadju, réfection de la route Vanamboini, aménagement du terrain de foot de Vanamboini, réfection de l’école primaire, et adduction d’eau de Vanamboini. «Ces travaux ne peuvent s’envisager qu’au fur et à mesure du projet d’exploration et pourrait par exemple faire l’objet de conventions annuelles entre le gouvernorat de Ngazidja dont les premiers projets pourraient démarrer immédiatement», lit-on dans cette lettre.

Pour rappel, le mois de décembre dernier, un accord entre l’Association Nduli et la société Colas concédait à l’entreprise française le droit exclusif d’extraire et de disposer de tous matériaux techniquement et économiquement exploitables sur le site Handuli.

Selon les termes de ce contrat bail, signé entre la vice-présidence en charge de l’Aménagement du territoire, Colas et les localités riveraines du site, ce terrain sera aussi destiné à l’implantation et à la construction sur le domaine maritime d’une plateforme de chargement et d’un appontement avec convoyeurs à bandes pour l’exportation par voie maritime des matériaux de carrière. L’association Nduli est composée des villages d’Usivo, Mvuni-ya-mbadani et Vanambwani. Par contestation, cette dernière localité n’a pas signé ledit contrat (lire Al-watwan du 16 décembre 2014).

Depuis, ce contrat a essuyé plusieurs critiques. Le Collège des sages et la Fédération comorienne des consommateurs (Fcc), joints par d’autres personnalités publiques, avaient invité le président de la République, dans une lettre datant du mois de janvier dernier, à déclarer «nul et non avenu» le contrat de bail liant l’Association Nduli et Génération et la société Colas.

Kamardine Soulé