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Conjonctivite : L’adénovirus fait ravage

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EPIDEMIE. «Les autorités ne doivent pas faire la sourde oreille devant cette épidémie car elle évolue très rapidement. Elles doivent d’abord s’impliquer pour mieux sensibiliser la population sur l’épidémie, à travers les organes de presse et des sensibilisations au sein des villages»,déclare l’ophtalmologue Chanfi Mohamed


Depuis le mois de janvier dernier, une épidémie de conjonctivite virale sévit dans le pays. Sa contagion a pris des proportions qui inquiètent la population mais les spécialistes restent moins alarmants rappelant la conduite à tenir en matière d’hygiène.

L’ophtalmologue Chanfi Mohamed rappelle que l’épidémie ressurgit chaque année dans le pays à partir du mois de décembre. Le Coordonateur national du Programme de lutte contre la cécité aux Comores et chef du service d’ophtalmologie au Chn El-Maarouf précise que l’épidémie touche beaucoup de gens à Ngazidja par rapport aux trois autres îles de l’archipel, avant d’indiquer que la conjonctivite est présente dans certains pays de la région, notamment Madagascar, la Réunion et Maurice.

Selon l’ophtalmologue, la situation est statistiquement alarmante, à partir du mois d’avril dernier, vu l’accroissement du nombre des porteurs du virus et la façon dont celui-ci est transporté. «J’ai déjà reçu quatre-vingt-et-un cas depuis le mois d’avril. Ce nombre ne tient pas compte des personnes n’ayant pas été consultés. Ce qu’il y a de plus inquiétant, nous savons présentement, après des recherches, que l’agent pathogène est l’Adénovirus, un virus qui peut être transporté dans l’air. Pourtant, nous traversons une période de vent et de pluie», s’inquiète-t-il. Docteur Chanfi Mohamed explique que la conjonctivite est une maladie contagieuse, définit comme une inflammation de la conjonctive, la membrane blanchâtre qui recouvre la partie extérieure de l’œil et qui se retourne pour tapir les parties internes des paupières.

A cet effet, le médecin démontre qu’elle se manifeste par une gêne à type de sensation de grain de sable dans l’œil, une rougeur localisée ou généralisée, associée parfois à d’autres symptômes, des démangeaisons, des larmoiements, des hémorragies sous conjonctivales, un œdème de la conjonctive, et une vision floue… «Les maladies virales durent généralement et peuvent revenir sur la personne qui a été déjà touchée. Le virus mute, c’est pourquoi il n’existe pas des médicaments spécifiques», indique-t-il ainsi.

Pour l’automédication et les traitements traditionnels, l’ophtalmologue déconseille la population à cause des risques qu’ils présentent. Selon lui, des traitements pareils pourront entrainer des complications, des surinfections à cause du dosage.
«Certains pratiquent des traitements par corticoïdes ou traditionnels. Ils doivent savoir qu’avec un anti-inflammatoire ça flambe et à la longue ça donnera des tensions sur les yeux, ou un développement des résistances qui pourront empêcher à d’autres médicaments de lutter contre d’autres maladies. Il ne faut surtout pas se prescrire des médicaments car une rougeur des yeux ne révèle pas automatiquement la conjonctivite à l’adénovirus», souligne-t-il. Il insiste aussi qu’il est temps de procéder à des mesures hygiéniques de prévention et de protection, étant donné l’évolution de l’épidémie avec sa vitesse de grand «V». «Les autorités ne doivent pas faire la sourde oreille devant cette épidémie car elle évolue très rapidement. Elles doivent d’abord s’impliquer pour mieux sensibiliser la population à l’épidémie, à travers les organes de presse et des sensibilisations au sein des villages», interpelle-t-il les autorités.

Devant la recrudescence des cas de conjonctivite, le Coordonateur national du Programme de lutte contre la cécité aux Comores et chef de service d’ophtalmologie au Chn El-Maarouf rappelle à la population les précautions à prendre face à ce fléau. Entres autres, se laver les mains régulièrement à l’eau et au savon ou avec une solution antiseptique, éviter de se frotter les yeux et tout contact direct avec une personne atteinte de conjonctivite, surtout au niveau du visage ou des mains. «Eviter de toucher les objets utilisés par des personnes atteintes de conjonctivites, comme les produits de maquillage chez les femmes et les stylos aux lieux de travail et dans les écoles pour les élèves. Il est préférable de rester à la maison quand on est atteint par l’adénovirus que d’aller à l’école ou travail», conseille ainsi le médecin.

Nazir Nazi