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Vente de médicaments de la rue : Comment mettre de l’ordre ?

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ACTIVITE ILLICITE. A la Centrale d’achat des médicaments en Union des Comores (Camuc), on soutient que «certaines pharmacies achètent leurs médicaments en Tanzanie ou au Kenya dans des circonstances alarmantes». Un fait lourd de conséquences selon l’Ordre des médecins.

Au marché de Volovolo tout comme dans les épiceries, la vente des médicaments se fait au vu et au su de tout le monde. Et dans certaines pharmacies, l’on peut acheter son médicament sans prescription médicale. Un constat amer et affligeant. Pourtant, le docteur M’madi Ibouroihima, président du Conseil de l’ordre des médecins et chirurgiens-dentistes explique que les textes existent mais ils ne sont pas appliqués favorisant ainsi l’expansion du marché noir et par ricochet l’automédication chez la population.

Himidi Salim, vendeur ambulant de médicament à Volovolo, ne ressent aucun regret ni aucune gêne pour son activité. «Ce n’est pas à moi de jouer le rôle du gouvernement, si ce dernier est incapable de stopper ces activités moi je ne peux qu’en profiter», se défend-t-il. Arguant que «je n’exige à personne d’acheter mes médicaments, personne n’est dupe, nous savons tous que le médicament vendu ici et un autre vendu dans une pharmacie n’ont pas le même rendement pourtant j’arrive à vendre tous les jours».

A la Centrale d’achat des médicaments en Union des Comores (Camuc), on va plus loin. «Certaines pharmacies achètent leurs médicaments en Tanzanie ou au Kenya dans des conditions douteuses», soutient le docteur Alhadhur Radjabou, directeur technique adjoint de la centrale. Un fait lourd de conséquences selon M’madi Ibouroihima relatant quelques effets néfastes :»le problème avec ces médicaments, c’est qu’on peut en prendre une quantité conséquente sans guérir parce qu’il peut s’avérer que ce soit des médicaments sans posologie». Avant d’ajouter que les effets secondaires peuvent être plus graves (problèmes rénaux, allergies, intoxications…).

Le président du Conseil de l’ordre des médecins affirme que la lutte contre ces pratiques concerne tout le monde. Il dénonce, néanmoins, le manque de contrôle dans les pharmacies, la non-application des textes en vigueur ou encore la léthargie du pouvoir public.

Mirgane Mze Hamadi, inspecteur des pharmacies et laboratoires au ministère de la Santé, évoque un problème d’effectifs pour expliquer l’ampleur de la vente illicite des médicaments dans le pays. «Nous sommes en manque d’effectifs, nous ne sommes que deux et ce n’est pas évident de contrôler, à la fois, la douane, les pharmacies et les vendeurs ambulants», a-t-il indiqué. Là encore, le Conseil de l’ordre des médecins raconte que toutes les bases sont posées pour lutter efficacement contre le marché noir des médicaments. «Nos textes sont exactement pareils à tous ceux des pays francophones, mais le problème c’est leur application, et on se demande pourquoi ils ne sont pas appliqués», ajoute-t-il. Pour M’madi Ibouroihima, «la gendarmerie, la police, la justice et le ministère devraient intervenir pour arrêter ces ventes».

Ce dernier a, d’ailleurs, formulé une critique à l’endroit de tout le monde dont le conseil : «nous devons dénoncer et stopper la vente de médicaments dans les cliniques, c’est contraire à notre déontologie et il faut pour cela une sensibilisation générale pour éveiller les consciences aussi bien au niveau du gouvernement, du conseil, des pharmaciens que de la population».

Sur les prescriptions, on a pointé du doigt certaines pharmacies qui acceptent toutes les ordonnances qu’on leur présente «dans le seul but de déstocker leurs dépôts avant péremption ; elles ont un caractère commercial et c’est regrettable». Mais, une solution ne devrait tarder : «je reste confiant que dès que le Conseil des pharmaciens sera opérationnel nous pouvons ensemble lutter contre ce fléau», avance le président de l’Ordre des médecins.

Accusée de vendre trop cher et favorisé objectivement l’achat de «médicaments clandestins», la Camuc rejette cette diffamation. «Contrairement à ce qu’on dit, nous ne vendons pas chers et nos médicaments sont de meilleure qualité», soutient Alhadhur Radjabou. Ce dernier dénonce, par ailleurs, le laisser-aller qui prédomine dans le secteur ce qui «explique qu’aujourd’hui nous courons tous un danger avec ces faux-médicaments et la commercialisation de produits aussi vitaux vendus comme un produit quelconque par des commerçants, des hôpitaux et certaines cliniques».

Le directeur technique adjoint de la Camuc rappelle qu’il n’y a que son institution et les pharmacies privées qui sont habilitées à importer des médicaments. Mirgane Mze Hamadi raconte que pendant trois mois le ministère de la Santé et la douane étaient parvenus à stopper l’importation illégale de médicaments mais cela n’a pas duré. Quant à la question de savoir pourquoi les vendeurs ambulants ou la vente de médicaments dans des épiceries et des cliniques prolifèrent toujours, le ministère affirme qu’il n’y a «aucun texte qui nous indique quoi faire des médicaments ainsi saisis».

Abdallah Mzembaba