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Pénurie d’eau courante à Moroni : Le commerce florissant de l’eau fait des émules

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CONSOMMATION. Au château de Vuvuni, les techniciens rencontrés sur place évoquent «quelques fuites ici et là» et refusent de commenter la situation. Juste nous renvoient-ils à leurs supérieurs hiérarchiques. D’autres ont accepté de parler en off. «Le premier problème que nous rencontrons, c’est le manque d’électricité, qui entraine donc ce manque d’eau. Avec 400 litres de carburant par jour, notre groupe électrogène fonctionne pendant 4 heures. Le reste de la journée, nous dépendons de la centrale de Voidju», déclare un employé.

 

«C’est la catastrophe !», s’exclament presque en chœur les quelque 80.000 habitants de Moroni. En effet, depuis plusieurs semaines, plus aucune goutte d’eau ne coule des robinets. «Depuis trois jours, je ne me suis pas douché ; aujourd’hui je suis parti de Madjadju à l’ancien site de Comotel pour me baigner à la plage. J’y ai trouvé plusieurs familles, certaines avec des bidons pour puiser l’eau de mer», raconte un résident. «Nous nous moquons souvent des villages situés sur le littoral, maintenant nous faisons comme eux. Chaque matin, j’amène ma famille au bord de la mer pour nos besoins», déclare un père de famille, la quarantaine passée. Et d’ajouter, le sourire en coin : «Nous avons tous adopté ce proverbe ‘Eshawoneha ho mbwani kashidjawoneha’».

Dans certains bureaux administratifs, faire ses besoins est devenu un luxe. Certains puisent l’eau de mer pour utiliser dans les toilettes, à l’exemple de  plusieurs familles en ce moment. Après un tour hier matin dans la capitale, une seule-borne fontaine était opérationnelle, celle située en face du magasin Omar kassim. Inutile de vous dire que la file de bidons s’étirait à perte de vue. Mohamed Abdou, résidant à Moroni Philips, est de ceux qui faisaient la queue : «Dans mon quartier il y a une borne fontaine qui n’est pas alimentée depuis trois mois ; nous sommes obligés de nous déplacer tous les jours,  puiser l’eau ici, comme tout le monde en ville».

De Moroni à Vuvuni, presque toutes les fontaines publiques sont à sec.  Les trois qui fonctionnent épisodiquement (une à Mdé et deux à Vouvouni) sont prises d’assaut par des «vendeurs ambulants d’eau», ces taximen qui chargent leurs véhicules de bidons à la recherche de la denrée rare et qui font le tour des quartiers de Moroni pour écouler leur «marchandise».

Housni Dhoiffir Abdallah est taximen de métier. Mais, en cette période de pénurie d’eau, il a opté pour ce commerce florissant. Pas pour de l’argent, jure-t-il, mais «pour faciliter la vie quotidienne des gens». «Les gens ont du mal à avoir une goutte d’eau; j’ai à mon compte 40 bidons que je remplis chaque jour pour livrer à mes clients. Des fois, je n’arrive pas à les remplir tous ; il m’arrive de passer toute la nuit ici pour attendre que l’eau arrive. Des fois Ma-mwe bipe l’eau comme elle bipe l’électricité. On ne sait jamais quand l’eau va venir, ni quand il va cesser de couler dans les bornes fontaines», témoigne-t-il, avant d’indiquer que le prix du bidon de 20 litres vient de passer de 150 à 200 fc. «Les employés de Ma-mwe ne nous facilitent pas la tâche car ils nous prennent souvent les bidons», dit-il. Selon lui, même avec ce prix prohibitif, les gens se bagarrent quand même dans les quartiers pour pouvoir acheter un bidon.

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Au château de Vuvuni, les techniciens rencontrés sur place évoquent «quelques fuites ici et là» et refusent de commenter la situation. Juste nous renvoient-ils à leurs supérieurs hiérarchiques. D’autres ont accepté de parler en off. «Le premier problème que nous rencontrons, c’est le manque d’électricité, qui entraine donc ce manque d’eau. Avec 400 litres de carburant par jour, notre groupe électrogène fonctionne pendant 4 heures. Le reste de la journée, nous dépendons de la centrale de Voidju», déclare un employé.

Même à Vuvuni, au centre de production et de commercialisation de l’eau, des camions-citernes font la queue. «On vient tous les jours à 6 h du matin. Il nous arrive de rester jusqu’à 20 h et de ne pouvoir répondre aux besoins que d’un seul client sur trois ou quatre», affirme Akram Chakir, conducteur d’un camion-citerne. Ici, on nous confie qu’un tuyau de 3 mètres aurait éclaté vendredi à l’issue du premier essai des nouvelles installations.

Mais pour Ali Soulé, directeur de l’eau, la situation actuelle serait due à une pompe défaillante au château de Vuvuni. «Elle a été remplacée dimanche dernier et le résultat est concluant. La situation devrait évoluer dès ce mardi», confirme-t-il. Un bémol cependant : après discussion avec la ministre de l’Energie, il a été décidé d’installer un transformateur à RD2000 pour pouvoir alimenter la grande citerne de Pangadju. «Nous n’arrivons pas à faire le plein de cette citerne à cause du problème de courant, mais une fois le transfo mis en place, tout redeviendra normal».

Abouhariat Said Abdallah