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Fibre optique : Ces tranchées qui font tant de mal aux piétons

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Pour les besoins de l’installation de la fibre optique par Huawei Ltd, des tranchées sont creusées ici et là, sur les bas-côtés de la route nationale. Elles provoquent l’ire des riverains. Dans un pays où l’éclairage public est un luxe, les chutes sont nombreuses à la tombée de la nuit. La durée de ces travaux, qui ont commencé le 1er septembre, est estimée près de deux ans (un an et neuf mois plus exactement).  Autant dire que la population doit encore prendre son mal en patience.

 

 La plupart des routes nationales sont éventrées sur les bas-côtés. En cause, l’installation du réseau intra-île en fibre optique par la société chinoise Huawei Ltd. A Mitsudjé, la population a du mal à cacher sa colère. «Nous ne connaissons pas la durée de ces travaux, a déclaré Faissoil Hamada, enseignant de français, rencontré à Barakani, un quartier de la ville. Ces travaux ont pour conséquences des dégâts considérables : en creusant par exemple, ils ont bousillé un tuyau du réseau d’eau». Mais, le pire est à venir. ‘‘Nous ne comptons plus les habitants qui oublient la présence des tranchées et qui y tombent dedans’’, dit-il.

Accidents de véhicules

Très remontée, une partie de la population profère des menaces et a déjà commencé à remplir ces trous. La cause ? «Un adolescent de 15 ans est tombé en plein dedans, alors qu’il faisait jour», explique Moussa Abdoulhamid, 3ème année  de licence en géographie.  L’ado a fait une chute, heureusement sans trop de gravité. A la tombée de la nuit, l’obscurité aidant, la suite est facilement imaginable. Afin de lutter contre le phénomène, «les habitants ont interpellé à plusieurs reprises la société pour remblayer les tranchées, sans succès», poursuit le jeune étudiant.

Dans le Mbadjini, au sud de Ngazidja, plusieurs accidents de véhicules sont directement ou indirectement imputés à ces tranchées. L’étroitesse de la route et les nids-de-poule, très nombreux, y sont sans doute pour beaucoup.

Selon Idaroussi Mohamed Rachidi, directeur de cabinet de la commune de Hambu-Ntsinimoipanga, le maire a adressé une lettre à Comores Telecom (avec copie à la société Huawei Technologies Co. Ltd) dont la teneur est la suivante : «Comores Telecom a commencé les travaux sans nous consulter, des dégâts ont aussi été constatés notamment pour les réseaux d’adduction d’eau». Des trottoirs construits par la communauté villageoise ont également été endommagés.  

Dans sa réponse, la société chinoise a pris l’engagement de «réparer les routes qui ont été creusées pour mettre les câbles de fibre optique».  «Ils n’ont malheureusement pas parlé des autres dégâts effectués par la compagnie», déplore le jeune directeur de cabinet.  A l’en croire, la commune n’a aucunement été associée dans la réalisation de ces travaux. «C’est quand ils ont rencontré la résistance de certains habitants qu’ils sont venus nous voir ; des gens leur avaient refusé de creuser des tranchées sur leur terrain», a-t-il fait savoir.

Aucune mesure de sécurité

Pour l’instant, la commune n’a pris aucune mesure de sécurité, tout comme la compagnie chinoise. Les riverains, eux, en tout cas les plus malchanceux, continuent de tomber. Et la population, elle, de fulminer.

Rencontré à l’entrée de Vuvuni, un employé de Huawei nous  a affirmé que les travaux allaient encore durer un an et demi. «Nous avons eu l’autorisation des deux vice-présidents pour creuser, celle de Nourdine Bourhane et de Mohamed Ali Soilihi», a-t-il argué. Et d’ajouter que l’entreprise reste disposée à réparer.

Pourquoi n’a-t-on pas érigé des panneaux pour indiquer qu’il y a un danger ? «Nous avons aussi creusé dans le parking du Groupe scolaire Fundi Abdulhamid et nous avons mis une bande qui avertit de la présence d’une tranchée», a-t-il précisé. Selon lui, chaque fois qu’il y a un flux important de piétons, «il y a toujours un avertissement à l’adresse de la population». Sauf qu’à Mitsudje et ailleurs, il n’y en a pas, les piétons y sont encore nombreux.  Les habitants devront s’armer encore de patiente, la fin des travaux n’étant prévue que dans une année et demie.

Faiza Soulé Youssouf