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Des citoyens se prononcent à propos du boycott des Jioi 2015

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Quel est votre sentiment par rapport au retrait des athlètes comoriens des neuvièmes Jeux des iles de l’Océan Indien organisés sur l’île de La Réunion ?

 

Mohamed Abdou Mlanao, instituteur et membre de la société civile

«La question est très importante car nous savons tous que Mayotte est comorienne et le restera à jamais et cela doit constituer le combat pour tout Comorien partout où il se trouve. Par rapport au retrait des athlètes des neuvièmes Jeux des îles, l’acte m’a beaucoup plu et je suis très fièrs de nos athlètes. Suite à cet acte, j’ai constaté que le geste a été pris très au sérieux, le pays tout entier s’est mobilisé, parle d’une seule voix. Aujourd’hui, nous sommes fièrs que nos jeunes athlètes ne se sont pas rendus sur l’île de la Réunion pour les compétitions sportives, mais ils sont partis pour défendre l’honneur de notre pays. Je suis très très fiers. Je suis également fier des décisions prises par nos autorités. Si la décision prise par le gouvernement n’était pas du côté des athlètes, comme ce fut le cas en 2003, à l’époque d’Azali, le pays tout entier aurait subi un échec énorme. Je suis très heureux de ce qui s’est passé sur l’île de la Réunion car le sport ne prime pas sur l’unité du pays». 

 

Marie Soifouane, secrétaire particulière au conseil de l’île de Ngazidja

«Si la population, en particulier les sportifs, doit venir à de telle extrémité, la faute est de nos dirigeants car ils ont la responsabilité de faire respecter le pays et régler la question de Mayotte depuis longtemps. Mais, nos dirigeants accordent trop de pouvoir à la France et, à son tour, elle ne fait que minimiser le pays. Pour les événements de la Réunion, c’est un échec pour les athlètes car ils sont partis avec l’idée de se mesurer aux athlètes des îles voisines et éventuellement revenir avec des médailles, hélas, ce n’est plus le cas. Mais je salue leur réaction car il est inadmissible que nous continuions à nous plier à la volonté de la France, 150 ans de colonie, c’est largement suffisant, donc, il est temps de dire non.

Si j’avais le pouvoir d’Ikililou, ma réaction aurait été de demander à la France de plier ses bagages. Tirant profit de notre pauvreté et de notre vulnérabilité, elle en profit et continue à nous piétiner. Mais si un jour, nous arrivons à avoir des dirigeants  qui oseraient dire non, la France changerait sûrement d’attitude».

 

Abou Sououndi, encadreur sportif

«C’est un grand succès pour les sportifs comoriens. Les athlètes ont agi spontanément et le geste est allé droit aux cœurs de tous les dirigeants présents au stade Paul-Julius Bénard de Saint-Paul. Tous les Comoriens ont réalisé et compris que l’enfant comorien est mature, il peut prendre des décisions sans pour autant qu’on lui mette la pression. Ce qui s’est produit sur ce stade constitue une violation flagrante des textes qui régissent l’organisation des jeux. Nous les sportifs, nous fonctionnons à la base de textes, donc, je regrette beaucoup que les autorités réunionnaises ou françaises, qui se disent croire à un état de droit, ne savent pas par où commence le droit. Quand il y a des textes et qu’on voit un ministre français des Sports, avec tout le respect qu’on lui donne, atterrir à La Réunion pour nous dire que les textes qui régissent les jeux ne sont pas au-dessus de la loi française, c’est un peu déplacé. Mais nous, en tant que sportifs, nous avons gagné, nous n’avons pas failli à notre mission. Nous nous sommes rendus sur l’île de La Réunion pour défendre notre pays, notre drapeau et cette mission a été accomplie».

 

Naama Idrisse, présidente de l’association comorienne des femmes entrepreneures

«C’est un grand sentiment de joie et de soulagement parce que, pour une fois, nous voyons que le patriotisme émerge dans le pays par le biais de nos athlètes et nous pensons que si le gouvernement faisait un peu plus d’effort sur le sujet, la question de l’île comorienne de Mayotte, nous verrions le peuple se mobiliser pour soutenir son action.

C’est vraiment une bonne chose de voir ces athlètes prendre l’initiative de quitter le terrain et s’indigner face à ce comportement. Le peuple a été humilié et nous saluons vraiment les athlètes d’avoir fait ce geste, le gouvernement a suivi et c’est une très bonne chose».

 

Ali Mohamed Abdourazakou, représentant de diaspora comorienne de la Réunion et accompagnateur des athlètes

«En tant que représentant de la population comorienne à la Réunion, j’ai décidé d’accompagner notre délégation dans le but de venir adresser un message à la population et au gouvernement comorien, suite à ce qui s’est passé aux Jeux des îles. Ce message consiste à dire que nous sommes très satisfaits du retrait de nos athlètes parce que la réglementation de ces jeux a été violée, nous sommes tout à fait avec eux, derrière eux. Nous avons soutenu les athlètes, leur geste nous a plu et je les ai, moi-même, accompagnés jusqu’à leur arrivée à Moroni».

Propos recueillis par Mm