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Je ne comprends rien au football et pourtant j’assiste à tous les matchs internationaux

Le .

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QUESTION. Alors, «pourquoi j’assiste à tous ces matchs et y dépense des sommes folles». La réponse est plus simple que les règles du ballon rond qui se refusent à entrer dans ma tête: Tout simplement, parce qu’à l’intérieur des stades, il se dégage une ferveur que je n’ai ressentie nulle part ailleurs. On y voit des hommes et des femmes, debout à l’unisson et dont le coeur bat pour la patrie. 

 

Encore un match international de football auquel j’assiste. Comme toutes les autres fois, je n’y comprends rien ou presque. En fait, chaque fois que je crois comprendre la différence entre un pénalty, un corner ou encore un coup franc, je me rends compte que le football et moi, est un éternel recommencement.

Comme cette fois, où j’ai hurlé de toute la force de mes cordes vocales, croyant bêtement que nous venions de marquer parce que le ballon avait atterri au fond de la cage. C’est, normalement, ce qu’on lui demande au ballon, qu’il atterrisse au fond de la cage.

Je me suis sentie bête, lourde, gauche quand je constatai que j’étais la seule à hurler ou presque… Encore plus bête, quand un ami, de deux tapes sur le dos,  me dit «que c’était un hors-jeu»… Encore une règle que j’apprends que mon cerveau, décidément en vacances, s’empressera d’oublier. Ait Mohamed Djalim, puisqu’il s’agit de lui, était à côté de moi, pour m’expliquer le football et ses innombrables mystères.

La nation et rien que la Nation

Ainsi, chaque fois, que je croyais avoir saisi la nuance qui distingue un corner d’un coup franc, il s’empressera de me faire une jolie petite objection: «non, cette fois-ci ce n’est pas un corner mais un 6 mètres». C’est encore lui qui m’a indiqué dans laquelle des cages... nous devions marquer.

De guerre lasse, je renonçai à comprendre. Et lui, s’est fait la malle. Mes questions devaient le déranger, un tantinet... Du coup, je me suis égosillée, j’ai tapé du pied, pesté contre le sort qui nous refusait toutes ces belles occasions. C’était navrant, rageant, désespérant.

La question que vous devez vous poser, c’est pourquoi, alors, j’assiste à tous ces matchs, dépense des sommes folles alors que je n’y comprends fichtrement rien. La réponse est plus simple que les règles du ballon rond. Tout simplement, parce qu’à l’intérieur des stades, il se dégage une ferveur que je n’ai ressentie nulle part ailleurs. On y voit des hommes et des femmes, debout à l’unisson et dont le coeur bat pour la patrie.

Durant les matchs (internationaux, les seuls auxquels j’assiste), je n’y vois aucune espèce de communautarisme ni rien qui y ressemble, de près ou de loin.  Je vois une Nation, la Nation comorienne, Une et Indivisible et dont le coeur vibre à chaque fois qu’une occasion de marquer se présente (pour le match d’avant-hier, neuf fois au moins), ou quand on rate une «passe décisive», comme les connaisseurs l’appellent. Et ce même coeur, celui de tous les Comoriens, se déchire, se fend de part en part quand cette même occasion se présente chez l’équipe adverse.

Pour le match d’avant-hier, nous n’avons pas marqué. Mais nous n’avons pas perdu non plus. Nous avons eu l’espoir, cet espoir-là, seuls nos Coelacanthes ont su nous le communiquer. Pour l’éternité, nous lui en saurions gré. En priant pour que le match retour qui aura lieu au Lesotho dans une semaine, ils nous fassent plus qu’espérer. Qu’ils nous fassent gagner.

Faïza Soulé Youssouf