Portrait : Lucien Sylla Mchangama, Une valeur sure à pas feutré
«Si j’en juge par le rythme qu’il a imposé au Volcan, Sylla va faire parler de lui. C’est un bosseur mais on ne le connait pas encore suffisamment par ici». C’est ainsi que l’ex-directeur technique national de football, Stéphane Aboutoihi, décrit le jeune entraineur. Venant d’un instructeur de la Confédération africaine de football (Caf), ces propos en disent long sur l’avenir que beaucoup prédisent au jeune homme.
On croyait que le jeune entraineur de 38 ans qui débarque sur le banc de Volcan club en décembre 2014 allait emprunter la trajectoire de la relégation. Mais en deux temps, trois mouvements, le voilà propulsé au qualificatif de «technicien» et le plus redoutable de la saison. Lui, c’est Lucien Sylla Mchangama.
Après huit mois de laborieux travail dans la discrétion, «Sylla», comme on aime l’appeler, a réécrit l’histoire du sport de la capitale. A 38 ans, l’enfant de Singani ya Hambu devient un coach à part. Il a su imposer du respect au sein d’un club connu par son exigence et sa rigueur. Lucien Sylla Mchangama est un gagneur né. Il ne fait jamais rien à moitié mais tout dans la douceur et l’assurance.
«Je suis certain qu’après le rythme qu’il a imposé au Volcan, Sylla va faire parler de lui. C’est un bosseur mais on ne le connait pas encore suffisament par ici». C’est ainsi que l’ex-directeur technique national de football, Stéphane Aboutoihi, décrit le jeune entraineur. Venant d’un instructeur de la Confédération africaine de football (Caf), ces propos en disent long sur l’avenir que beaucoup prédisent au jeune homme. Sans compter que Lucien est décrit par ses collègues comme un génie. Tous simplement.
Pour d’autres, c’est un modèle vu son comportement typique. «Il parle rarement. D’ailleurs quand il manage son match, il s’exprime par des gestes», analysait la dernière fois, un de ses collègues de banc de touche, Mohamed Aziz Mohamed Azir.
Père spirituel
Peut-être que Lucien Sylla Mchangama a cultivé sa persévérance au cours de sa carrière de footballeur. Avant d’avoir entièrement la responsabilité d’un banc de touche, il a été entraineur-joueur en 2008 à Eruption club de Singani. Malgré deux saisons de repos imposé par des affaires familiales, il a repris en 2011 la commande de banc de Super Jeunesse de Samba-Mbodoni en tant qu’entraineur principal.
«C’est par là, que j’ai repris goût du métier et que je m’étais lancé. Je suis retournée à la maison pour encadrer Eruption avant d’être découvert par Voclan club», explique l’intéressé. Il se rappelle qu’avant de graver cet échelon, il avait remporté, en 1997, sous le maillot d’Elan club de Mitsudje, le titre de champion national.
Lentement et surement
A l’époque, Sylla avait à peine 18 ans. Il séduisait déjà, par son beau jeu, les grosses pointures de la première division de Ngazidja. Il a réussi son parcours grâce, notamment, à son mentor et père spirituel, Hamidou Djabir dit «Marseillais», actuellement fonctionnaire au Pnud.»Sans lui je ne serai pas ce que je suis aujourd’hui», a juré le fanatique de Zinedine Zidane et José Mourinho.
Entre Avenir de Moroni, Ajesko de Nyumadzaya ya Bambao, Eruption de Singani et Elan club, Sylla a été accueilli comme un roi. Il a été le meneur de jeu de toutes ces formations. Ce père de deux enfants, Rizlane et Basri, parle difficilement de lui. Il est très discret et, cependant, ouvert.
Ses proches ne «comprennent jamais» pourquoi il ne sort jamais le soir alors qu’il a «l’âge de vivre». «Il est posé. Il a la volonté de travailler. Il sait ce qu’il fait dans tout ce qu’il entreprend. Et les gens comme ça sort rarement de chez eux», tente de comprendre le gardien de but d’Eruption, Ali «Pires». Selon la même source, Sylla ne se rend jamais ni aux twarabu, ni aux madjilisi et, encore moins, en boite de nuit.
Sylla est le septième d’une famille de neuf gosses. Tous ses frères sont passés par le football mais «je suis le seul qui voudrais en faire carrière». Lucien Sylla Mchangama, né par Thomas Mohamed Mchangama et Fatima Ali, est un technicien en commercial international, spécialité logisticien. Il est formé au Maroc où il faisait parti, entre autre, des joueurs qui ont marqué à la fin des années 2000 le club Acem des étudiants Comoriens. Pour les jeunes de sa génération, Sylla incarne la réussite par le travail. Le diplômée de la Licence C va lentement mais, de l’avis de tous, surement.
Elie Djouma