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Les Comores recalées de l’organisation des Jioi 2019 : «Nous avions l’impression que le Cij a ramené le dossier de l’olympisme à la politique»

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DENONCIATION. Selon le président du comité national olympique, le pays a été mis à genoux par le Cij. «C’est le pays qui est humilié. L’engagement du gouvernement national y était. Mais nous avions l’impression que le Cij a ramené le dossier de l’olympisme à la politique», disait-il. Dans un communiqué publié mardi, l’instance olympique a dénoncé les prétextes avancés par le Cij pour recaler les Comores de l’organisation des jeux des îles 2019.

 

L’île Maurice organisera les dixièmes Jeux des îles de l’Océan indien. La nouvelle est connue depuis mardi soir au terme de la réunion du Conseil international des jeux (Cij) qui s’est tenue dans le département français de la Réunion.

Malgré cette décision prise après un vote, les Comoriens estiment que le Cij a réussi une manoeuvre politique. «On nous a piégé par un vote après que le Cij ait constaté que notre dossier a été irréprochable. Le dossier a été recevable. Le Cij a été surpris par sa qualité. En plus, on l’a bien défendu», a déclaré hier à Al-watwan le président du Comité national olympique.

Selon Ibrahim Ben Ali, le pays a été mis à genoux par le Conseil international des jeux. «C’est le pays qui est humilié. L’engagement du gouvernement national y était. Mais nous avions l’impression que le Cij a ramené le dossier de l’olympisme à la politique», disait-il. Le Comité olympique national a du publié un communiqué mardi. Il a dénoncé les prétextes soutenus par le Cij pour recaler les Comores de l’organisation des jeux des îles 2019.

«A notre grande surprise, un décision sans précédent  dans l’histoire des jeux des îles vient de voler les jeux des Comores avec des raisons fallacieuses», peut-on lire dans le communiqué. Cinq îles devaient choisir l’île hôte 2019 par les urnes. Les Maldives n’ont pas voté puisqu’elles ont été absentes et Mayotte non plus, car elle y a pris part entant qu’observatrice.

«Un travail fait par La Réunion»

Hier, le représentant du gouvernement des Comores à la réunion du Cij, le directeur de cabinet du chef de l’Etat, a tenu une conférence de presse à la Réunion. Hamadi Madi Bolero a déclaré son «incompréhension», avant de souligner «l’inélégance de la décision du Cij».

Selon lui «la moindre des choses» pour le Cij «qui a été avisé de mon retard, aurait été de m’attendre». Selon toute vraisemblance, le Cij a tout fait pour organiser à la va-vite la réunion pour pouvoir prétexter enfin l’absence physique d’un représentant du gouvernement des Comores. Devant cette attitude inédite du Cij les Comoriens ont quitté la salle de réunion.

A ce sujet, Ibrahim Ben Ali a expliqué que «la présence d’un membre du gouvernement à la réunion pourrait être nécessaire, les jeux des îles étant une affaire d’Etat», avant de commenter: «Je pense que, pour la résolution du vote, il y avait un travail fait par La Réunion et ce n’est pas un secret pour personne que le président du Cij, Philippe Hao Thyn Voon a été partisan de tout cela. Il avait un parti pris malgré tout le bien qu’ils ont dit sur notre dossier».

D’après l’avis des plusieurs Comoriens, la réunion du Cij a été transportée dans un cadre politique. En effet, la délégation comorienne a du se battre pour porter des éclaircissements sur son abandon des derniers jeux des îles, organisée en août dernier dans le département français.

«On n’a pas notre place ici»

Dans sa réplique, le secrétaire général du Cij, Jean-François Beaulieu, a déclaré, hier à Imazpress de La Réunion, que «nous, nous sommes des sportifs, la politique ne nous intéresse pas. Nous avons un calendrier à tenir, pour que ces jeux soient réalisés dans les meilleures conditions possibles».

Malgré le combat mené par le mouvement olympique et le directeur de cabinet du président, le gouvernement ne s’est pas officiellement encore déclaré. Le Comité olympique national estime qu’au point où sont les choses, il faut une action politique, dans la région.

Ibrahim Ben Ali a proposé que «si c’est ainsi que notre pays sera traité et accueilli par la région, il faudrait qu’on quitte ces jeux. On n’a pas notre place ici. On ne peut pas continuer ainsi». Le Cno comorien a publié son communiqué avant la réaction du gouvernement. Selon certaines informations, cette affaire devait constituer «l’objet principal» du Conseil des ministres du mercredi.

C’est le tout premier après le retrait des jeux. «Nous allons attendre de savoir la décision du gouvernement. Il est vrai que le Cij est une organisation olympique mais, l’Etat aura son mot à dire et de cette réaction dépendra la suite de notre candidature pour Comores 2019», tenter de rassurer, hier, le directeur national des sports, Oussouf Soilihi, selon qui «si les responsables du commissariat chargé du sport n’a pu se rendre à la réunion, c’est parce qu’on nous a tardivement délivré le visa d’entrée à La Réunion».

 

Elie Djouma

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Les réactions après le rejet

 

Le 20 octobre à Saint-Denis, à la Réunion, le comité international de jeux (Cij) a rejeté la candidature des Comores pour les jeux des îles de l’Océan indien (Jioi) 2019, au profit de Maurice. Les réactions des uns et des autres ne se sont pas fait attendre. Al-watwan en a recueilli quelques unes, notamment celles de certains responsables sportifs, anciens et actuels.

 

Le président de la fédération comorienne de basket-ball, Ali Papa, a exprimé ses regrets par rapport à cette décision «malheureuse». Pour lui, il s’agit d’une deuxième humiliation de la part du Cij envers les Comores, après celle du 1er août lors des derniers Jioi, à la Réunion. Il dit avoir placé beaucoup d’espoir dans ces jeux, notamment concernant les infrastructures sportives qui auraient été l’occasion de préparer l’avenir des sportifs comoriens.

«On espère qu’on a perdu la bataille mais pas la guerre. Personnellement je n’ai pas accepté cette décision, je suggère au gouvernement de pousser encore. J’espère qu’il fera tout ce qui est de son pouvoir pour convaincre le Cij de revenir sur sa décision», a-t-il déclaré.

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La revanche?

 

Ali Papa se rappelle l’autre désillusion des Comores toujours par rapport aux Jioi. «En 1998, le Cij de l’époque avait remis à notre ministre des sports le drapeau des jeux pour les Jioi 2003. Deux ans après ce même Cij nous les a retirés en faveur de Maurice. Cependant, réellement les Comores n’étaient pas prêts à l’époque. Cette fois ce n’est pas le cas», lance-t-il convaincu que la réaction du Cij a été motivée par autre chose. N’est-ce pas une réaction à ce qui s’est passé le 1 er août à La Réunion?

 «L’histoire serait-elle en train de se répéter?», se demande-t-on par-ci et par-là. Surtout qu’il s’agit, selon l’ancien secrétaire général du commissariat national de la jeunesse et des sports, Soilihi Moumini, du troisième rejet de la candidature comorienne des Jioi après celui de 1979 pour les jeux de 1985 et l’autre de 1998 pour les Jioi 2003. «A chaque fois c’est à La Réunion qu’on nous donne le drapeau des jeux, à chaque fois c’est Maurice qui est positionné pour nous détrôner et à chaque fois c’est Ibrahim Ben Ali qui se trouve aux commandes du Cosic».

Selon Ali Papa, le Cij s’est totalement trompé car «l’objet des jeux c’est de permettre aux peuples voisins de la sous-région de visiter les pays et les peuples frères et non un objet commercial, comme procède le Cij actuel».

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Il n’y a pas que les autres...

 

Toutefois, le patron de la Fcbb ne croit pas qu’il faille quitter ces jeux contrairement à Soilihi Moumini qui estime qu’il «faudrait maintenant regarder vers d’autres horizons, autres que l’indianocéanie pour permettre aux sportifs comoriens, toutes disciplines confondues, de s’exprimer».

Par rapport toujours à la décision du Cij, l’actuel président de la Fédération comorienne de rugby, Moumini, exprime sa «désolation». Pour lui, la décision de retirer l’organisation des jeux aux Comores, est une très mauvaise nouvelle pour l’ensemble des sportifs comoriens et partant de l’ensemble de la population. Cependant, soutient-il, «il est facile d’accuser celui qui est en face sans pour autant reconnaitre ces propres insuffisances. Sur ce plan, la responsabilité de cet échec, car c’en est un, devraient être partagées et même en haut lieu. Ailleurs des têtes seraient tombées», a-t-il conclu.

Cette réaction est partagée par plusieurs personnes, des responsables sportifs aux anciens joueurs. «Certes, il y a eu des coup bas dans cette affaire, mais le gouvernement a sa part de responsabilité. Je crois qu’on peut nier qu’il y ait eu une négligence de la part des autorités compétentes», a souligné un responsable sportif qui requiert l’anonymat. 

 

 

Nassila Ben Ali